LA RECHERCHE: LA MASCARADE Texte de Julien Pinaudeau |
Voici un mot adressé au directeur du laboratoire de neurologie de Strasbourg, que j'ai eu l'immense privilège de rencontrer, et la malencontreuse bêtise de prendre pour un stagiaire, tant il m'a semblé proche et chaleureux vis-à-vis de son personnel - comme quoi, les chercheurs ne sont pas tous les bêtes assoiffées de reconnaissance et d'ambition que le gouvernement nous décrit: Cher monsieur, je tenais, avant de quitter cette belle région, à présenter mes excuses au noble directeur de laboratoire que j'avais malencontreusement pris pour un sous-fifre, un simple aide de camp, un banal auxiliaire, une "créature" dévouée corps et âme à la sainte science. Cette regrettable méprise est due, je vous l'assure, à un manque d'informations fiables et à un comportement relativement chaleureux pour un homme possédant de grandes responsabilités. En effet, n'est-il pas extraordinaire d'avoir sous sa coupe des éléments tels que ma tendre sœur? Afin de dépasser ces civilités, je me permets d'élever le débat et, par conséquent, d'attaquer la question du statut immédiat de la recherche, mais également de l'enseignement et de la culture. Il est dans l'air du temps de sacrifier de tels domaines au profit de causes aussi merveilleuses que la sécurité ou la Défense. Ce traitement de faveur prouve malheureusement que notre gouvernement a une vision profondément conservatrice de la société; cette vision est digne d'un gouvernement de droite qui refuse, ce qui est bien plus grave, de reconnaître un malaise social réel et fondamental: en méprisant la recherche, la culture et l'enseignement, les dirigeants de notre pays battent en brèche les principes mêmes de la République, des principes auxquels des hommes prénommés: Hugo, Jaurès, Gambetta, Ferry, Pasteur croyaient. Bien sûr, ces hommes appartiennent à un autre temps, mais ce qui importe, c'est qu'ils avaient tous foi en la notion de progrès, qu'il soit technique, scientifique, intellectuel ou culturel. Ainsi, reprenant les mots d'Aragon: "Ce qui a été sera, pourvu qu'on s'en souvienne", je souhaite et j'espère qu'on se souviendra qu'en 2004, des hommes se sont battus contre le gouvernement pour défendre les idéaux de la République de nos Pères… Pour plus d'informations ou pour des commentaires, contactez l'auteur!
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