- A quoi sert la Prépa littéraire?

La Prépa littéraire se subdivise en deux années au cours desquelles les élèves sont préparés au concours de l'une ou l'autre des Ecoles Normales Supérieures (ENS) littéraires. Camille Guérin dispose également d'une option Chartes, qui prépare au concours B de l'Ecole Nationale des Chartes. Enfin, une option IEP prépare, en première année, les élèves à une entrée possible dans un institut d'études politiques à l'issue de leur première année de Prépa.

- Quels sont les débouchés?

L'ENS ouvre une route dorée pour l'étudiant littéraire ayant le talent nécessaire pour entrer à l'école, l'Etat lui payant ses études et lui garantissant un enseignement supérieur de haut-niveau. L'Ecole des Chartes, pour sa part, forme les futurs conservateurs, historiens et archivistes français, l'Etat prenant ici aussi en charge les frais d'étude. Cependant, on ne peut nier que les chances de réussite aux concours de l'ENS ou des Chartes restent faibles pour la plupart des élèves, du fait du nombre très réduit de place et du haut-niveau demandé; il faut cependant savoir qu'un Prépa littéraire ne quitte pas Camille Guérin avec le sentiment d'un échec. En effet, la Prépa, qu'on la quitte en première ou en seconde année, est bien entendu une excellente préparation à l'université, les élèves ayant pu profiter de leur(s) année(s) pour acquérir la technique de la dissertation et une formation au travail personnel qu'ils n'avaient pas forcément - le retour de l'étudiant dans le cycle universitaire en est d'autant plus facilité. Ajoutons enfin que la masse de culture générale acquise en Prépa reste considérable - en d'autres termes, on ne sort jamais perdant d'une ou deux années de Prépa.
Sur la fin de la première année, les étudiants peuvent demander à entrer en deuxième année d'université, et obtiennent généralement l'équivalence dans la matière littéraire de leur choix - du moment qu'ils ont une note correcte. Notez cependant que la Prépa de Camille Guérin ne propose pas d'équivalence en histoire de l'art ou en droit à l'université de Poitiers. Les élèves qui ne sont pas accepté en seconde année de Prpéa ont eux aussi la possibilité de réintégrer l'université dans les mêmes conditions.

- Qu'est ce qui est requis pour entrer en Prépa?

L'élève candidat à l'entrée en Prépa a besoin de pouvoir compter sur un certain nombre de pré-dispositions: outre une indéniable capacité au travail automotivé, l'étudiant potentiel doit avoir une certaine solidité psychologique le mettant à l'abri des notes basses - mais normales - qu'il recevra en Prépa, du moins pendant les premiers mois. Bien que la pression ait considérablement diminué à mesure que les années se sont écoulées, l'étudiant reste vulnérable à une déception face à un travail qu'il pensait bien fait, ou une réprimande qu'il peut considérer sur le moment comme injuste. Une telle force d'esprit est à recommander doublement dans le cas où l'étudiant doit vivre seul ou en internat du fait de l'éloignement du foyer familial. Au demeurant, la Prépa n'est pas la prison dont on a souvent parlé, et avec un peu de discipline et de relativisme, on peut se mettre à l'abri des "ennuis", bien que les sautes d'humeur ponctuelles restent inévitables. En résumé: aptitude au travail volontaire et résistance psychologique correcte sont les deux piliers du préparationnaire de base.
Ajoutons qu'élèves de L, S et ES peuvent pareillement entrer en Prépa littéraire - régulièrement en effet, 1/4 à 1/3 des élèves sont issus de Term S.

- Que désignent les termes Khâgne et Hypokhâgne?

La Khâgne, en général, désigne l'ensemble des classes préparatoires littéraires. Les préparationnaires eux-mêmes reçoivent généralement le surnom de "Khâgneux" et "Hypokhâgneux". Plus spéficiquement, le terme de "Khâgne" tendent à désigner la deuxième année de prépa, tandis que le terme d'Hypokhâgne est réservé à la première année de préparation (les étudiants sont appelés les "hypokhâgnes" ou encore les "hypokhâgneux").

- Quelle est la charge de travail?

Sans être colossale, la charge de travail marquera le plus souvent une rupture avec les exigences de Terminale L, et du lycée en général. On peut peut-être voir la Prpéa comme une sorte de Term L puissance 2 ou 3: ici le travail, en plus d'être obligatoire, est bien fourni. Le travail à la maison doit être volontaire - dans le sens où un élève ne pourra se contenter des quelques exercices que les enseignants lui donnent: la révision et le travail des connaissances, surtout dans le cas de matières où l'étudiant serait un peu "juste", reste nécessaire. D'autant que le travail personnel est règulièrement sollicité au travers des devoirs surveillés (cinq D.S. par matière tout au long de l'année, en général d'une durée de 4h) et des "colles"/"khôlles" (trois par matière), c'est à dire des interrogations à l'oral en dehors des heures de cours commun. Plus généralement, tant qu'on ne fait pas son travail le soir pour le lendemain matin, il n'y a pas de raison de se sentir dépassé ou écrasé par la tâche: tout l'art de l'Hypokhâgne ne réside qu'en une chose - l'aménagement efficace de son emploi du temps.
Et lorsqu'on l'aménage d'une façon correcte, croyez bien que la vie de l'étudiant préparationnaire n'a rien de celle d'un pensionnaire de pénitencier: de nombreuses soirées sont faciles à libérer pour les sorties, qu'elles soient ludiques, culturelles ou les deux à la fois. Contrairement à ce que l'on dit, l'étudiant peut avoir une vie sociale, peut-être autant qu'un universitaire travailleur - lorsque vous entrez en Hypokhâgne, vous n'entrez pas au monastère ou au couvent, et vous vous en rendrez vite compte!

- On m'a dit que les notes des élèves en Hypokhâgne sont systématiquement mauvaises - qu'en est-il?

Certes, les étudiants mal informés pourraient recevoir un choc à la remise des premières notes. En effet, nombre d'entre nous étions habitués aux belles notes en terminale, voire pour certains à des notes que nous jugions colossales déjà à l'époque - 17, 18 ou 19... - et ce parfois sans beaucoup d'efforts. L'Hypokhâgne change la donne: attendez vous à un 10 ou un 11 pour les meilleurs au premier devoir, et à des notes qui pourraient descendre jusqu'à 5 ou 6 pour les moins bons. Plusieurs explications à cette nouvelle fourchette des notes: d'une part, l'écart entre les élèves en prépa est beaucoup plus resserré qu'au Lycée, et il ne faudra pas s'en étonner - après tout, si vous êtes là, c'est que vous remplissez tous à peu près les mêmes critères; ensuite, ces notes sont souvent révélatrices de la nouvelle façon de travailler qu'on exige des étudiants: outre des connaissances qu'il faut se forcer à acquérir (déjà ça, ce n'est pas inné chez tout le monde j'en conviens...), il faut aussi que l'élève assimile la technique de la dissertation, véritable pilier des devoirs sur table de Prépa, aussi bien en première qu'en seconde année. 90% des élèves qui arrivent en Prépa n'ont en effet jamais eu la chance de se voir enseignée la dissertation - et lorsque ça a été fait, le plus souvent, c'était avec des paramètres tout lycéens qui n'ont plus cours ici et maintenant. La dissertation dans son ensemble (intro, parties, transitions, conclusion), si elle n'est pas a priori un système complexe, répond cependant à des règles bien précises qu'il faudra respecter à la lettre - et ça, parfois, ça prend deux, trois, voire quatre devoirs ou plus encore. Cependant, un élève qui travaille sa technique et qui apprend bien ses cours, sans mettre de côté une petite touche de recherche intellectuelle et de raisonnement, n'a aucune raison de ne pas progresser. Ces "mauvaises" notes sont donc en grande partie dûes à l'impréparation des élèves face au nouvel exercice qu'est la dissertation. L'étudiant garderait-il d'ailleurs a même note toute l'année, la difficulté des devoirs allant en s'accentuant, il aura tout de même progressé. Ajoutons enfin que son apprentissage de la dissertation constitue de toute façon un acquis inestimable à l'université, où nombre d'étudiants n'ont pas eu la chance ne serait-ce que d'en entendre parler (véridique) - c'est là encore l'un des atouts qui permet à l'ex-préparationnaire fe tirer son épingle du jeu dans sa vie étudiante post-Khâgnale.

- En quoi consiste l'option IEP (Instituts d'Etude Politique) à Camille Guérin?

Afin de préparer les élèves à une possible entrée dans un institut d'études politiques en fin de première année, l'Hypokhâgne de Camille Guérin offre un enseignement pluridisciplinaire optionnel aux élèves le désirant.
L'option IEP en classe préparatoire littéraire à Camille, c'est un total de 5 heures de cours additionnelles en semaine, réparties entre une langue vivante de concours, l'histoire, la géographie, la culture générale et la philosophie. Chaque discipline dispose d'un créneau de deux heures de cours toutes les deux semaines; les 5 heures hebdomadaires (dans les faits 4 heures une semaine, puis 6 heures la semaine suivante) sont occupées en alternance par les matières sus-citées. Les élèves désirant suivre l'option IEP ont quelques semaines à partir de la rentrée pour pouvoir juger en toute quiétude et par eux-même de sa difficulté et de ses exigences, avant de s'y lancer pour de bon.
Le programme se centre autour de 3 pôles communs d'une façon ou d'une autre à tous les concours IEP - la culture générale, l'histoire et les langues. La philosophie prépare elle-aussi à l'épreuve de culture générale, tandis que la géographie, bien que n'étant pas à passer dans tous les concours, reste une option assez répandue pour avoir sa place ici. Plusieurs exercices à la maison ou en devoir surveillé vous permettront de vous familiariser avec les exigences des IEP, au premier rang desquels on trouve Sciences-Po Paris et l'IEP de Bordeaux, aux méthodes de concours bien précises mais aux exigences voisines en terme de programme.
Une fois l'option IEP choisie pour de bon, les élèves ont la possibilité d'arrêter le latin durant leur premier trimestre, ceci afin de compenser la charge de travail addtionnelle. Sachez cependant que dans ce cas précis, l'option IEP qui, jusqu'à ce moment, n'était que facultative au niveau des devoirs-maison et devoirs surveillés, devient obligatoire - tout devoir non rendu ou sciemment séché sera sanctionné de la même façon que dans n'importe quel cours à caractère obligatoire. Notez enfin que l'abandon du latin vous empêchera d'entrer, l'année suivante, en Khâgne classique (où le latin est obligatoire) et compromettra très fortement vos chances d'entrer en Khâgne moderne option Lettres Modernes (où le latin est encore dispensé, car étant une discipline obligatoire à l'université pour cette matière).

Rappelez-vous cependant que l'enseignement en tronc commun reste la base fondamentale de l'érudition d'un candidat à Sciences-Po. Les 5 heures hebdomadaires ne pourront jamais remplacer la culture et les méthodes fondamentales apprises pendant les cours du tronc commun - la clef d'une bonne préparation à Sciences-Po en Hypokhagne réside en une heureuse association des connaissances acquises au cours de l'année, et ce dans tous les domaines.

- En quoi consiste l'option Chartes à Camille Guérin?

L'option Chartes prépare les élèves au concours B de l'Ecole des Chartes, réservé aux Khâgneux. La préparation commence dès la première année, bien qu'il soit possible de prendre le train en marche en Khâgne si vous n'avez pas eu l'opportunité de suivre la première partie des cours. Couvrant une période s'étalant de l'époque médiévale à nos jours, en passant naturellement par l'époque moderne (1492-1815 selon les critères de l'Ecole), la préparation aux Chartes offre à l'étudiant la possibilité d'acquérir une culture historique sans pareille et prépare d'une façon excellente à un cursus d'histoire en université. L'histoire totale est reine - histoire sociale, politique, économique et diplomatique se côtoient et se complètent pour donner à l'option une densité peu commune. Assurément, si vous aimez l'histoire et si vous n'êtes pas a priori tenté par un IEP, les Chartes, à raison de 2h par semaine en première année et 6h (dont 3h d'histoire, 2h de philosophie et 1h de culture générale) par semaine en seconde année, combleront avec bonheur votre soif de connaissance.

- Qu'en est-il de l'internat de Camille Guérin?

A l'internat de Camille plus que dans n'importe quel autre lycée, Khâgneux et Khâgneuses sont dans leur pays de cocagne (ok facile celle-ci...). La première année, les étudiants sont généralement logés en chambres doubles, bien qu'il soit le plus souvent possible de s'arranger pour obtenir, d'une façon ou d'une autre, une chambre simple. De nombreuses structures sont à la disposition des étudiants: plusieurs salles d'étude, trois télévisions (dont une recevant le cable allemand et CNN, et une autre Canal + décodé) accessibles jour et nuit, quelques ordinateurs (pour bientôt si tout se passe bien); on trouve également une table de ping-pong et un baby-foot pour les loisirs. Des kitchenettes à pratiquement tous les étages, enfin, permettent aux étudiants de faire leur petite cuisine en weekend et, si nécessaire, en semaine pareillement - chaque kitchenette est équipée d'un réfrigérateur, d'un four micro-ondes et de plaques électriques, en plus du grand évier réglementaire. La circulation est totalement libre dans le bâtiment, et il n'y a pas d'heure de couvre-feu imposée. Seule obligation: retour obligé avant Minuit en semaine et 1h le dimanche matin; pour ce qui est des interdictions, on relèvera celle (bien naturelle) d'introduire alcool et substances illicites dans le bâtiment. Il est également interdit de fumer dans les chambres, mais les terrasses permettent de s'en accomoder. Sur un plan plus général, l'internat est à la fois un excellent centre de travail pour qui sait se concentrer et s'isoler momentanément du monde, et un endroit où l'on ne s'ennuie jamais, grâce à la présence de nos nombre de nos distingués semblables à quelques pas seulement de notre chambre. Enfin, il est toujours agréable de n'avoir à faire que 100m le matin pour aller manger ou aller en cours....

- Que veulent dire Khâgne et Hypokhâgne?

On prête au terme plusieurs origines, mais la plus répandue et la moins salace d'entre elles nous raconte que les élèves de prépa littéraire, remarqués pour leurs genoux cagneux par l'Empereur (le seul, le vrai, le 1er) ont depuis gardé l'appellation et s'en gargarisent même (certains à raison d'ailleurs). Pour davantage de détails et d'hypothèses quant à nos profondes origines, je vous invite à jeter un oeil sur le dîkhtionnaire de nos aimables collègues mais néanmoins concurrents de la Khâgne de Lyon:
http://www.eleves.ens.fr/home/aulanglo/KhLugd/ .
Certains autres sont partisans de l'éthymologie "canine" - il y a là sous-jacente dit-on une histoire de "chiennes lascives et paresseuses", pour reprendre les termes de quelqu'un que nous connaissons tous à Camille. Sans s'étendre davantage, on peut considérer que c'est là l'hypothèse attitrée de tous les partisans Lettreux, là où de nombreux historiens en herbe, à l'inverse, aiment à se flatter d'avoir reçu leur appelation de la bouche de l'Empereur lui-même. Des goûts et des couleurs...
Hypokhâgne contient pour sa part le préfixe grec hypo- qui pourrait se traduire par "au-dessous de" (dans le sens du "niveau précédent" - comme dans "hypoderme" par exemple - et non pas de "l'insuffisance de", un sens qui est surtout rencontré dans des termes plus médicaux, tels que "hypoglycémie" ou "hypotension" par exemple). Note: ceci ne signifie pas pour autant qu'il nous sont inférieurs en quoique ce soit, certain(e)s Khâgneu(ses) en ont, je le crois, bien conscience!